Plusieurs témoignages dénonçant des violences gynécologiques qui auraient eu lieu au sein de l’hôpital Tenon situé à Paris ont récemment fait surface, incriminant particulièrement le chef du service de gynécologie, le professeur Émile Daraï. Dans le cadre de l’enquête sur l’endométriose que FLUSH a débutée en 2019, nous publions aujourd’hui des témoignages complémentaires qui mettent en lumière ses agissements.
Certaines l’appellent le « boucher », d’autres le considèrent comme leur « héros ». Elles sont toutes atteintes d’endométriose, une maladie gynécologique méconnue qui toucherait au moins une femme sur dix. Elle se caractérise par la présence dans le corps de tissus similaires à celui de l’endomètre, la muqueuse intérieure de l’utérus qui se désagrège pendant les règles. Parfois ces tissus saignent, créent des adhérences entre les organes, tiraillent. L’endométriose peut être très handicapante. Certaines femmes en souffrent, d’autres non. Peu de médecins connaissent et savent prendre en charge cette pathologie. Le quotidien de ces femmes est fait de douleurs, pendant les règles et parfois en permanence, pour dire le moins. Dans leur parcours, ces femmes ont cherché les meilleurs spécialistes. Elles ont été orientées par d’autres professionnels de santé ou par des femmes qui avaient entrepris la même quête du Graal. Après leur passage à l’hôpital Tenon, elles pensaient être des exceptions, mais il n’en est rien.
« J’ai envie de pleurer parce que je réalise que je viens d’assister à un viol et que je n’ai rien dit. »
Le 13 septembre dernier, le collectif Stop VOG a publié sur son compte Twitter, sous le hashtag #StopOmerta, un témoignage d’interne passé par le service gynécologie de l’hôpital Tenon : « J’ai envie de pleurer parce que je réalise que je viens d’assister à un viol et que je n’ai rien dit. » Cette personne parle d’un médecin « dont la renommée n’est plus à faire ». Puis, elle décrit : « sans prévenir, il insère [un spéculum] dans le vagin de la dame. D’un coup. Elle se crispe sous la douleur. Ses muscles se contractent et font ressortir l’instrument. Le médecin le renfonce plus fort. Il hurle : ‘Détendez-vous !’. Elle gémit. Il est évident qu’elle est terrorisée. ‘J’ai dit détendez-vous ! Je ne peux pas vous examiner, là !’ Il s’exaspère. Le spéculum ressort encore. Il le renfonce de plus en plus brutalement. Elle se cabre presque. » Sur les réseaux sociaux, les témoignages ont afflué, incriminant le professeur Émile Daraï.
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