Brigades de solidarité, anticomplotisme, soutiens aux agriculteurs… Face au renouveau de l’extrême droite, le mouvement antifa tente de sortir de l’entre-soi, de générer de la convergence et d’essaimer son idéal autonome.

Un virage majeur ». C’est ainsi que Mark Bray, historien et coorganisateur du mouvement Occupy Wall Street, qualifie ce que vit l’antifascisme français depuis 2010 (1). Face au renouveau de l’extrême droite, le combat de rue perd de son efficacité. Finie, la chasse aux fafs des années 1990. « Plus on avance dans le nouveau millénaire et plus les antifascistes doivent reconfigurer leurs stratégies face aux nouveaux partis d’extrême droite, qui gagnent du terrain en se distinguant des idées ouvertement fascistes et des boneheads [skinheads d’extrême droite, NDLR] qui s’en revendiquent. »

La riposte tente de rendre coup politique pour coup politique en s’adaptant aux problématiques générées par les événements et les réalités locales. La crise sanitaire a, par exemple, déclenché dans le milieu antifasciste une vague d’organisations solidaires d’urgence pour venir en aide aux plus précaires sur le modèle autonome résumé par le slogan : « Seul le peuple sauve le peuple ». Dès mai 2020, des « brigades de solidarité populaire » chargées de distribuer de la nourriture et des produits d’hygiène ont poussé comme des champignons. L’idée a germé chez les antifascistes milanais et a été reprise en France d’abord par l’Action antifasciste Paris-banlieue (AFAPB), née en 2008, dont Nargesse, âgée de 30 ans, est membre : « 900 bénévoles, dont la plupart n’avaient aucun lien avec le milieu antifasciste, ont été mobilisés dans 17 brigades différentes rien qu’en l’Île-de-France », détaille la jeune femme. Leurs actions se sont concentrées sur des zones délaissées par les autorités, comme la Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus pauvres de France et le plus touché par la pandémie. Une précarité que l’on retrouve à Saint-Étienne, où les antifas ont aussi dégainé leur brigade. « On a aidé plus de 350 familles », s’enorgueillit Yanis*. Pour lui, cette solidarité est une forme de lutte contre le capitalisme et, par ricochet, contre le fascisme.

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